Aujourd'hui, j'entame ma carrière de conductrice de bus ! ... Sur simulateur portable, bien sûr.
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Gabriel Moreno |
Je m'apprêtais à passer une journée dans un cadre malsain et solitaire. Et j'ai été plus qu'agréablement surprise par le cours qu'ont pris les choses. En fait, j'ai vraiment apprécié cette journée. Depuis une semaine, c'était assez inespéré.
Je terminais les cours à midi aujourd'hui. Pour éviter de me plaindre, je vais passer sous silence l'interro de vocabulaire d'anglais, vocabulaire sur lequel je me suis endormie hier soir. Je n'espère même pas avoir la moyenne, mais c'est à peu près le cadet de mes soucis. Je rattraperai ça très vite.
Rendez-vous à 15h30 pour préparer l'intégration de nos petits hypokhâgneux... Pour moi, ça signifiait surtout : aller manger seule quelque part et errer dans la ville pendant quelques heures, all alone. Enfin, il se trouve que je ne me suis pas retrouvée aussi seule que je l'avais imaginé, et j'ai même fini par atterrir avec ma pasta box dans le laboratoire où se préparaient les bouteilles de peinture. C'est assez rare que je me sente concernée par un projet de groupe. Et pour tout dire, c'était quand même bien marrant. Dédicace spéciale à La Badoit et à l'Ecstasy - Don't worry, il ne s'agit que de bouteilles. De bonnes grosses bouteilles remplies de gouaches, de savon, de farine, qui ont fini sur les vêtements, dans les cheveux, sur... On n'sait plus vraiment où de toute façon. Dans tout les cas, c'était vraiment amusant, malgré la pluie. Cette farceuse de pluie - pour ne pas être vulgaire - qui s'est arrêtée en même temps que notre intégration. Alors est venue l'heure de la bâche infernale ! Je vous laisse imaginer : une douzaine d'étudiants traînant dans un parc une immense bâche remplie d'eau peinturlurée. Je vous passe les détails de notre folle entreprise pour vider le plastique de cette drôle de mixture. Tout ce qu'il faut savoir, c'est que ça a été un échec cuisant : la bâche s'est renversée, nous l'avons renversée, un fou-rire a jailli et puis tout est parti en vrille, de la façon la plus drôle du monde. J'ajoute ce souvenir à la liste de ceux sur lesquels personne ne bavera jamais.
«Elle avait l'air d'être une gentille fille. Mais toutes les deux... Vous n'aviez rien à vous dire.»
Depuis hier soir, je me suis souvenu avoir installé sur mon téléphone une merveilleuse application; j'ai nommé Public Transports Simulator. Ce jeu est sans nul doute le meilleur au monde !
Les commandes sont foireuses au possible. Pour avancer, vous êtes obligé d'appuyer sur la pédale d'accélération. Une autre pédale vous permet de reculer. Cependant, lorsque vous maintenez ces pédales, vous accélérez également. Ce qui fait qu'il est quasiment impossible de prendre un virage en maintenant la pédale enfoncée. Bref, vous vous retrouvez vite contrait de faire de micro-accélérations... Le volant est très sensible aussi...
Aujourd'hui, c'était mon premier jour en tant que chauffeur de bus. Les paroles de mes supérieurs se voulaient rassurantes.
J'ai pris le volant en toute confiance. Après tout, nous autres chauffeurs, nous avons droit à un certain pourcentage de pertes...
Je travaille dans une ville vraiment étrange, dans laquelle aucun autre véhicule ne circule sur les routes...

Du coup, cette ville, dans le principe, c'est un peu le QG des anarchistes : on grille les feux rouges sans jamais se prendre de PV,...
... on roule sur les trottoirs en mode yolo!
A cela près qu'il n'y a pas d'anarchistes dedans. Parce qu'en fait, comme vous pouvez le constater, il n'y a personne dans cette ville.
Personne à part quelques personnes qui n'ont qu'une hâte : prendre le bus !
Déjà, les gens dans cette ville sont tous des clones les uns des autres. Il y a le type homme, le type femme. Tous les hommes ont la même gueule. Et c'est pareil pour les madames.
Et tous ces messieurs et ces madames, toute la journée,ils ont le même air grave sérieux qui fait peur ! Mais ce n'est pas tout...
En fait, les gens de cette ville... CE SONT AUSSI DES FUCKING DANSEURS CONTEMPORAINS ! Ils passent leur temps à danser dans le bus. Un mélange de poledance et de breakdance, tout à fait original. Sans doute une coutume locale...
No comment.
Notez cette femme sur la première de ces photos, qui semble hésiter à embarquer. Finalement, elle n'a pas pris place dans mon autocar. Comme elle, beaucoup de paisibles citoyens sont résistants à monter bord de mon bus. Je ne comprends pas pourquoi...
Et comme les gens ne veulent pas monter dans mon bus, je les tue.

Je les défonce tous ! Connards de piétons, debout sur le trottoir comme des réverbères, qui ne m'font pas confiance pour assurer leur sécurité sur les routes désertes de cette ville !
JE VAIS TOUS VOUS TUER !!!!!!
JE VAIS TOUS VOUS TUER !
SALOPERIE DE PIÉTONS !!!!!! JE VAIS VOUS ...
Eh merde, je suis prise en flag' !!
Et enfin, dans cette ville... Un phénomène étrange survient... Des lignes jaunes... qui transpercent l'horizon. Qui transpercent mon bus.
...
Mais que se passe-t-il ? QUE SE PASSE-T-IL ?!!
Non. Non !
Ça ne peut pas... J'ai compris. Tous ces gens, sont des clones. Cette ville est déserte parce que... La fin du monde a eu lieu. Et je suis... la seule survivante. Une survivante avec une mission au-delà du possible, au-delà de l'imaginable : conduire un bus !
BREF, je suis un bus-man badass !!!