mercredi 11 février 2015

A la dérive...

En définitif, la vie n'est qu'une suite d'événements incongrus : une marrée qui va et vient, sans relâche, rythmée par les tempêtes et les périodes d’accalmie, qui tantôt crache les coquillages sur les plages de sable fin, et tantôt les envoie se fracasser sur les rochers; qui parfois charries des bancs de méduses, vomit de verdâtres tas d'algues, se dresse et gobe les vaisseaux, vient chatouiller l'azur de ses crocs ondulés, de ses dentelles d'écume; un jour paisible, un jour perfide, qui à la fois furie et muse, met à l'épreuve tout homme en menaçant de le noyer et qui parfois, prise de pitié, le pousse doucement à la dérive au large de côtes accueillantes.


Aujourd'hui, pour changer, je pense trop !
Je suis fatiguée. Et je n'ai pas grand chose à dire, en réalité... A part peut-être signaler la mort de mon dernier neurone. Je suis vraiment en train de péter les plombs. Le surmenage. J'attends vraiment avec l'impatience l'arrivée du printemps. Même si quelques rayons de soleil ne m'ôteront pas les cernes de sous les yeux, au moins, je pourrai faire le plein de vitamine D ! ...
Je suis bizarre.
J'en ai assez de mes réactions insensées. Je perds complètement la mémoire, parfois. Je perds conscience, carrément. Je fais les choses sans m'en rendre compte, et sans savoir pourquoi. Je me lève, soudainement, et je me mets à tourner en rond dans une pièce. J'éclate de rire, sans raison. Je répète des mots, dans des langues étrangères, juste parce que je trouve que ça sonne bien. J'essaye différentes intonations, je pousse le ridicule jusqu'à perdre mon identité vocale. Je ris de plus belle car je ne retrouve pas ma voix d'origine. Je me sens comme un vieil appareil usagé, rouillé déréglé. Je disjoncte.
Je suis heureuse, à ma façon. Bercée d'espoirs, comme toujours. Des espoirs qui montent en tourbillon en moi, pour mieux me précipiter dans le vide, au bout de la route. Je ne me fais plus d'illusions. Mais j'aime me nourrir de pensées réconfortantes. J'aime avoir la vague impression qu'une place est mienne dans ce monde, que j'ai de l'importance aux yeux de quelqu'un. Finalement, je suis plus égocentrique qu'autre chose. Je me garde juste de trop le montrer. Je pense qu'au fond, nous voulons tous en priorité notre bonheur. N'est-ce pas ? Et, avec toute la meilleure volonté du monde, faire passer quelqu'un avant soi, si ça ne peut pas nous rendre heureux au bout du compte, aboutit nécessairement à l'abandon. L'abandon d'autrui, dans le meilleur des cas : l'abandon de l'idéal et des valeurs auxquelles on croyait jusque là, tout ce qu'on se promettait à soi-même d'accomplir et d'incarner... Dans le pire des cas, on laisse simplement sa vie de côté. On se réfugie où on peut : dans une passion quelconque, une addiction qui soulage, voire dans la mort elle-même.
J'ai collectionné les refuges au cours du temps. J'en ai accumulé suffisamment pour savoir que le bonheur ne s'y trouve pas. Je peux espérer y puiser un peu de réconfort. Au mieux, il m'arrive d'y rencontrer une certaine forme de satisfaction. Mais toujours, dans mon refuge secret, je demeure incomplète.
J'ai un nouveau secret.
Je veux garder mon secret pour moi aussi longtemps que possible. Aussi longtemps que personne ne saura, la flamme de l'espoir continuera de s'agiter en moi. Il y a une recette aux bons secrets. Un secret, pour qu'il soit beau, doit être simple mais pas futile, trop évident pour éveiller les soupçons et suffisamment profond pour qu'en jaillisse l'extase. Je m'en fiche, au fond de moi, que qui que ce soit comprenne. Je me fiche d'être découverte. Je me refuse pour autant à parler. Je me dis que, plus longtemps mon secret sera préservé, plus longtemps il demeurera intouchable. Et jusque là, j'aurai encore le droit d'espérer ma fin heureuse. Une passerelle existera entre mon refuge et la réalité.
Je ris aux éclats. Je suis euphorique.
Merde ! J'avais dit que je devais prendre du recul ! J'avais résolu de faire une pause, de tenter autant que possible de ressembler à une personne calme et saine d'esprit. Mais tout ça, c'est bidon. Tout ça c'est bidon, parce que je suis tarée ! Tant que je n'ai pas franchi la passerelle, je déambule devant comme un fauve, frustré par l'odeur de la chair cuite sur l'autre rive. Je suis tiraillée, entre ma faim et la peur de me noyer.
Si mon coeur pouvait être plus clair qu'une trouble marée, peut-être que mon esprit, lui, connaîtrait le repos. Seulement, constamment, il trouve de quoi s'agiter, et ses palpitation résonne dans tout mon corps. Le désir fait résonner ses rythmes entêtants tandis que ma tête, impuissante, ne raisonne plus du tout. Fuck off ‼ Derrière la passerelle m'attend le vide, encore. Je vais couler une fois de plus, être ramenée par la marée sur la rive, et reprendra ma chasse, le coeur endurci. A force de durcir, je me demande si un jour il ne risque pas de devenir imperméable. C'est la raison pour laquelle j'ai besoin de souffrir... Je veux me rappeler que je suis encore capable de ressentir quelque chose...
Tout ça, c'est dans ta tête, dit une inconnue dans le miroir. Cette inconnue, c'est moi, mais nous ne nous ressemblons pas vraiment. Ce quoi je suis, de quoi j'ai l'air; là encore un petit fossé trouve toujours le moyen de s'insinuer entre deux. Peut-être que le coquillage doit se briser sur les rochers, pour que puisse paraître au grand jour l'éclat de sa perle. Mais si cette dernière est ravalée par les flots, alors je me serai brisée en vain. Je suis fatiguée de prendre des décisions. Je laisse au courant la charge de mes maux...


Tout cela, n'est que le fruit d'une sorte d'écriture automatique. Un bon défouloir, il faut le reconnaître. J'ai toujours considéré que jeter au hasard ses mots sur une page publique était le meilleur moyen de s'en débarrasser. Les enfermer dans un carnet secret, ça serait encore les retenir quelque part... Je l'ai dit, je n'ai qu'un seul secret. Et il ne le restera que le temps d'une saison. La saison de l'espoir, je veux dire : ce dernier à ses propres lois temporelles, et comme la nature il connaît son cycle autonome, au gré duquel il se ternit, se régénère, et poursuit sa ronde sans qu'une interférence, de notre volonté, puisse interrompre sa course.
Je vais aller me vider l'esprit à l'eau de la douche. J'aurais retrouvé l'élément de ma vie; ma noyade cyclique, mon naufrage répété, ma dérive éternelle.


5 commentaires:

  1. Jolie métaphore de la mer pour décrire la vie. Et je pense aussi que en effet, malgré tout ce qu'il puisse faire, l’être humain restera avant tout égoïste... D'ailleurs au fond, les secrets sont aussi extrêmement égoïste, mais quand c'est un des seules chose qui nous reste ça fait du bien, je pense que je cultive l'art des secrets, tout ma vie tourne autour de la dissimulation, j'aime les gardés au fond de moi, même si certains crient pour que je les disent.
    J’approuve la noyade par douche, même si personnellement je ne peux pas m’empêcher d'y pensé.

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    1. Il fait bon d'être égoïste, par les temps qui courent. Je ne pense pas que ce soit réellement un défaut. Les gens qui pensent trop aux autres sont malheureux, et par la force des choses leur malheur devient contagieux, entraîne leur rejet,... Tout est question de dosage. Sans l'ombre, de toute façon, la lumière n'aurait nulle raison d'être.
      Je n'aime pas réellement garder des secret, parce que souvent ce qui est secret constitue un point faible. Avoir un point faible et le protéger, c'est laisser une chance à qui le découvrira de s'en servir pour nous blesser. C'est pourquoi la frontière entre ma vie publique et ma vie privée a toujours été assez floue. Cela dit, je ne montre aux gens que ce que je veux qu'ils voient, que ce qui les aveuglera assez pour les empêcher de songer qu'il y a plus en moi, sans jamais néanmoins chercher à leur cacher quoi que ce soit. En fait, je suis un livre ouvert, mais dont les pages sont blanches : je suis hermétique à qui n'a pas le profond désir de saisir ma personne. C'est toujours quand on croit me connaître que la situation se retourne. Parce que je suis capable du meilleur comme du pire, et ceux qui oseront se servir d'un de mes pseudo-secrets contre moi comprendront vite que je n'avais jamais cherché à le dissimuler, et que par conséquent je demeure intouchable... D'un autre côté, garder quelque chose pour soi est une parfaite expression de l'égoïsme, qui est à la fois rassurante et jouissive. C'est pour ça qu'UN secret me paraît être un nombre parfait ! *^*

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    2. Je suis d'accord, aillant déjà vécu cette situation plusieurs fois, pensé uniquement aux autres fait mal, et finalement n'apporte pas grand chose. Exactement! C'est pour sa que "j'apprécie" tout autant les moment ou je vais mal que ceux ou je vais bien, parce que je pense que les deux sont indispensable a la vie.
      C'est une façon intéressante de voir les choses, j'ai toujours pensé le contraire, pour moi chaque détaille que les gens pouvais savoir de moi était mes faiblesses, et tout ce qui était gardé mes forces. Et je continue a pensé comme ça, les choses qui sont vraiment importantes pour moi ne sont que rarement dite, même a mes amis très proche. Il n'y a que depuis que j'arrive a prendre un peu de distance sur les "bonheurs" de ma vie que je commence a pouvoir en parlé un peu, juste des faits très vieux, mais j'ai toujours du mal. Mais je vois ce que tu veux dire par livre ouvert aux pages blanches.
      Je me demande ce que j'aurais vu de toi si on avait été dans le même lycée par exemple, maintenant je te connais déjà un peu, je ne pourrais pas jugé objectivement :)
      Tu fait bien de gardé ton secret! :D

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  2. Le garder, c'est un grand mot : il faut que mon secret change continuellement pour pouvoir être maintenu, généralement, je n'en garde pas un plus de six mois. Garder les secrets des autres, ça ne me pose aucun problème. Les miens, je n'aime pas trop ^-^
    C'est vrai que quand on a pris l'habitude de parler à une personne, on a du mal à la juger objectivement. parfois, je me dis que ça n'est pas plus mal : autant les relations à distances peuvent sembler superficielles, autant elles permettent de faire abstraction de l'apparence ou de la réputation des personnes et donc de pouvoir les connaître pour ce qu'elles sont, pour peu qu'elles soient honnêtes; parce que c'est assez simple de se faire passer pour autrui derrière un écran... Enfin, chacun a son avis sur la question et, on a beau dire, dans tous les types de relations, il y a des avantages comme des inconvénients ^^

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  3. Ça marche aussi ^^
    Oui, mais des fois il m'arrive de voir de façon détachée mes proches, et dans ces cas la je les vois de façon objective, c'est étrange mais intéressant! Tout dépend de comment on gère la relation à distance, d'un coté c'est pas facile d'être proche de quelqu'un qu'on ne voit pas, mais ça permet aussi comme tu dit d'être sois même et de ne pas être jugé sur autre chose. C'est vrai qu'on peu se faire passé pour quelqu'un d'autre, mais ce serais un peu triste je trouve. Oui chaque relation a ses avantages et ses inconvénients, c'est exactement ça, après tout, rien n'est parfait :)

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